Brûlure
« Il se surprit à donner cette réponse. Il se sentait tout bizarre. C’était comme si ces mots étaient sortis de la bouche d’autrui. Il avait tendu la main à quelqu’un et, cela, sans calcul perfide. Simplement pour faire le bien. Il se découvrait un sentiment jusqu’alors inconnu : l’empathie. Il s’était mis à la place d’un autre. Une transformation mentale s’était opérée en lui. Sa peau avait changé de couleur aussi subitement qu’extraordinairement. Sa personnalité s’était aussi modifiée, mais en prenant plus de temps. Martin était arrivé au bout de sa métamorphose. Il avait achevé sa résurrection. Son corps s’était embrasé, et les flammes avaient allumé une lumière au tréfonds de lui-même, sortant son âme des ténèbres. »
Homme fortuné, égoïste, cruel, vaniteux et climatosceptique, Martin Schneider passe son temps libre à se dorer la pilule au bord de sa piscine, alors qu’une canicule aux attributs de monstre sévit depuis des semaines et que les records de température s’enchaînent.
Un matin, au terme d’une nuit agitée, Martin se retrouve métamorphosé en Africain et perd tout : son identité, son entreprise, sa villa de luxe, sa fortune. Il se fait arrêter par la brigade des étrangers, corps de police mis en place par le régime d’extrême droite, se fait enfermer dans un centre de rétention, avant de se faire expulser en Afrique. Il n’a alors qu’une seule idée en tête : retourner en Europe et revenir à sa vie d’avant, en tant qu’homme meilleur.
Né en Turquie en 1984 d’une mère kurde et d’un père turc, Hüseyin Dinçarslan arrive en Suisse romande à l’âge de 6 ans pour y rejoindre dans le cadre d’un regroupement familial sa maman, réfugiée politique. Après des études à l’Université de Genève, il intègre en 2014 comme journaliste la rédaction du Quotidien Jurassien, titre régional dans le canton du Jura, qu’il n’a plus quittée depuis. Brûlure est son premier roman.