Écrire, c’est se trahir, ou se livrer à l’inquisition des mots. Une quête dans un intérieur mystérieux que les phrases remuent pour que surgissent des êtres jusque-là insoupçonnés. Le propre de l’art poétique est d’inventer, avec cet intérieur, des enchevêtrements de parcours pour contourner le réel ou en créer des impressions.
Le lecteur, au-delà de l’œuvre, se projette dans les méandres du poète, pour tenter de s’identifier dans tel comportement ou attitude. Moins des principes que des complicités devant la vie, devant la mort. « Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ! » Cette tendre accusation de Baudelaire, le lecteur la revoie chez l’auteur.
En revenant sur mon passé, je planais dans mes souvenirs, comme un oiseau qui se laisse emporter par les vents, cherchant quelques raisons de vivre, ou des passerelles vers des horizons meilleurs. Comme une thérapie, le passé réinventé féconde ou, à défaut, apaise l’avenir.
Le passé lointain nourrit l’actualité récente, ce que le poète ressent vivement. Les tensions irrésolues de l’histoire sont matière à des incompréhensions qui, à leur tour, attisent les contradictions. Le poète, au sein de cette tourmente, la reflète de bout en bout. Sa poésie, sensément, est une douleur de l’histoire.
Toufik Zitouni a enseigné dans un lycée une dizaine d’années avant d’être promu, depuis 2001, au rang d’inspecteur de français. Grand lecteur de littérature et de poésie françaises, ‘l’écume des temps’ est son premier acte poétique.