Coincé entre deux âges, le corps et l’âme séparés, Ilès, dans sa dualité, languissait en n’évoluant que physiquement dans la solitude et la lassitude. Inquiet, confus, et dans l’attente de franchir la vitre le séparant de l’autre monde, il se voyait déjà envahi de symptômes de déchéances physiques. De ce désespoir naissait l’empathie, de l’empathie une douleur couleur de la pitié à l’égard de son pays renversé sur sa carapace et de la nature violée dans son intimité. Ne cessant de s’interroger, son verbe cousu de soins attentifs, interpellait en révélant sa sensibilité, parfois dans l’harmonie, parfois dans le conflit. En souhaitant devenir maître de son destin, le voici dépendant de l’ombre sous ses pas qui grandissait et le dépassait : la vie, ses aléas, ses canevas… Le déclin. La transition était finalement un basculement sans conséquence d’une réalité dans une autre réalité.
Se reconnaissant dans la philosophie et la résignation du roseau sachant s’incliner aux vents sans se briser, la liberté d’être soi retrouvée, et les hésitations chassées, il part à la conquête du tangible, du concret et de l’Amour lénifiant qui sauve. Des éventualités qui lui permettaient de s’évader dans des refuges auxiliaires en étant aux côtés de ceux à qui on a effacé l’identité, des plus démunis, des oubliés de la société, des alités souffrant de maladies synonymes du trépas, et aussi des parias perdus dans des mers, entraînés par les courants de la mort, les regards sombrant dans l’irréel et les flottements guidés par le doute et le hasard.
Journaliste, poète et écrivain, Iris, de son vrai nom Mohand-Lyazid Chibout, vit à Paris, et il est l’auteur de Traduire un silence, d’Amoureux-nés et de La finitude (La haine de soi).