La vérité est présentée la plupart du temps comme une notion dominante, absolue, inaltérable et indivisible, régnant tout en haut d’une montagne de pensées erronées, comme un Graal, un ensemble de données ultimes et véritables, excluant tous ceux qui ne sont pas assez pertinents pour la percevoir, prétextant ainsi toutes sortes d’abus, de discriminations et autres fourvoiements. Pour d’autres, y compris des personnes se prétendant pleines de sagesse, l’atteindre est la quête de toute une vie. Tout ça, selon moi, ce sont des conneries. J’ai compris au fil de mon existence, et au péril de ma vie de schizophrène, qu’en fait la vérité est paradoxalement la notion la plus instable de l’univers, car elle dépend non seulement du point de vue, de la subjectivité, y compris celle des animaux, des insectes et des plantes, mais en plus, chaque vérité change dans le temps, au fil de la chronologie et en fonction du contexte. Autant dire que le nombre de vérités est infini.
Je vous invite avec moi, dans mon cerveau schizoïde, à arpenter les chemins chaotiques de l’errance au travers d’une multitude de nouvelles poétiques, philosophiques, contemporaines, trash, comme autant de poèmes, tantôt monstrueux, tantôt merveilleux, que vous découvrirez dans ce livre et qui sont, d’une certaine manière, à l’instar des diamants, des idées issues d’une compression psychologique phénoménale et d’une densité rare.
Né à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, le 20 mai 1982, William Brice a été diagnostiqué schizophrène à l’âge de 21 ans et a subi trois internements à l’hôpital psychiatrique Saint-Jacques à Nantes. Malgré cela, il a ensuite travaillé dans de nombreux domaines et a obtenu plusieurs diplômes, tout en travaillant sur lui-même en remodelant « manuellement » la structure de ses pensées qui avait explosé. À l’âge de 30 ans, il a tout quitté, y compris sa compagne, pour devenir écrivain.
Une de ses ambitions, confie-t-il, est d’aider à banaliser le débat autour de la maladie mentale, à démystifier la schizophrénie, pour que plus jamais un(e) schizophrène ne soit stigmatisé(e) par ignorance.