Parler de la mort en été me semble déplacé. Elle ne devrait se présenter à nos portes qu’à la fin de l’automne et au cours de l’hiver, deux saisons aux couleurs sombres, tristes, les jours y sont plus courts et plus froids. L’été, c’est la lumière, la chaleur, la légèreté, nos corps revivent, se montrent, nos émotions sont comme la chrysalide du papillon et nos sens sont en ébullition. Pas chez Antoine. Au contraire. Je me demande parfois en l’écoutant si la mort à vrai dire ne l’amuse pas.
Nos culs sur les chaises, qu’attendons-nous pour nous lever, lui refaire le portrait ou s’arranger pour le faire tomber et qu’il écope d’un aller simple derrière les barreaux ? Que le courage nous tombe du ciel et que nous laissons aux vestiaires ce que nous prétendons être, des êtres pensants, biens sous tous rapports, qui défendent à cor et à cri la veuve et l’orphelin.
Péteux face à cet abus de faiblesse, nous contentant de nos têtes pleines de mots, d’idées préconçues, de discours clefs en main sur les violences faites aux femmes, nous poursuivons notre conversation comme si de rien n’était.
Pas si simple de pouvoir pratiquer des activités manuelles, paraît-il, avec « deux mains gauches ». Du coup, dès qu’il fut en âge de s’intéresser sérieusement au monde, Philippe Gaetane a noirci ses cahiers Moleskine noirs afin d’ajouter de la vie à la vie. Depuis, quels qu’en soient les objets et les circonstances, les mots et leur musicalité font partie de son quotidien.
En tant qu’auteur, il se définit comme un bricoleur des mots, accompagné de voix éthérées, mélancoliques et de sonorités atmosphériques. La musique le porte ainsi à bout de bras dans ses projets littéraires, elle y est omniprésente. Après un recueil de nouvelles « Convocations », Sorties de Routes est son premier roman.