Les solitudes sont multiples ! L’Arménie ressent toujours la sienne, en 2022, en comptant ses morts. L’invasion azerbaïdjanaise s’est terminée en novembre 2020, mais 217 jeunes hommes sont encore « portés disparus ». Les instructeurs turcs, les djihadistes de daesh, et les drones israéliens n’ont fait qu’amplifier le mutisme des chancelleries occidentales. Seul le silence chuchote et enserre l’Arménie délaissée. Enfermée dans les montagnes du Caucase, elle est seule, presque abandonnée. 5000 km plus à l’ouest, Soledad s’ennuie : née naguère sur les hauts plateaux espagnols, elle ne connaît ni les gens ni le monde. Elle ne se mêle ni aux habitants du village, ni au troupeau humain en général : ses conversations hors domicile se comptent sur les doigts d’une moufle. La compagnie de son oncle et de la gouvernante de la maison constitue son lien social, et lui suffit largement. Mais étant tout autant curieuse que rugueuse, elle n’est pas moins misanthrope qu’humaniste : elle parcourt donc la planète et ses soubresauts par la lecture, s’intéresse à toutes les cultures, ressent intérieurement chaque drame qui frappe la terre. Son aïeul, lui, a visité les recoins du globe, et en a tiré des aventures lues et reconnues partout. Soledad est certainement la nièce anonyme la plus célèbre, mais la moins célébrée. Après une discussion avec son tonton, elle part à la découverte du monde, chargée d’une mission précise : trouver les plus beaux abricotiers qui soient. À deux doigts du but, l’Azerbaïdjan et son armée lui tombent sur le nez.
Originaire du Pays basque, Imanol a fait son droit en écumant les bancs d’universités de différents pays. Spécialiste de rien mais curieux de tout, il dévore Cervantes, Cendrars ou les classiques russes. Bourlinguant avec une frontale et un opinel, il va et vient de La Havane à Vladivostok, de Tananarive à Erevan. Naviguant souvent à vue dans ses pérégrinations, il aime à viser juste quand la plume s’exprime.